Michael Stoquer est le gérant de l’entreprise SEF, une société à responsabilité limitée basée à Argenteuil et en activité depuis 21 ans. Cette société s’attelle à un secteur trop peu connu mais incontournable pour la sécurité de chacun : la réparation de bâtiment sinistrés et le renforcement des fondations. Issu d’une formation commerciale, le gérant de cette entreprise est notamment chargé du contact commercial avec le client, dès le début des projets, de la mise en place de la politique commerciale et de la gestion générale, notamment en ce qui concerne le personnel et les investissements. Il est donc à même de livrer une analyse intéressante de ce marché porteur.
La formation d’un futur expert
Pour bien comprendre le niveau de compétence du gérant de SEF dans son domaine, il convient d’expliquer un peu son parcours. Il est donc né en 1974 à Saint-Germain en Laye, fils d’un père ingénieur dans le bâtiment, une information qui aura une grande importance pour la suite de son parcours. Il fait ses études dans l’Ouest parisien, obtient son Bac C en 1992 avant d’intégrer des études prestigieuses : les classes préparatoires d’HEC au Lycée international à Saint-Germain en Laye et à l’IPESUP, avant d’intégrer la célèbre école de commerce ESSEC en 1996. C’est là qu’il a fait quelques choix astucieux, en profitant du cadre peu strict de l’apprentissage de l’époque : sa mise en place dans les grandes écoles débutaient à peine, en 1996. L’ESSEC avait donc fait le choix de laisser de grandes libertés aux étudiants, afin que chacun puisse organiser sa scolarité comme il le souhaitait. En plus du cursus classique, les étudiants avaient la possibilité de valider leurs différentes matières en accéléré, dans le but d’obtenir leur diplôme en moins de 3 ans et en finir le plus vite possible avec les études (après tout, nombreux sont les étudiants en école de commerce qui souhaitent monter leur entreprise rapidement et se lancer sur le marché au plus vite). Mais surtout, l’école donnait la possibilité d’allonger la durée des études : en étalant les différents cours sur 5 ans, cela permettait aux élèves avec des projets de faire d’autres choses en même temps. C’est l’option que le futur gérant a choisie, afin de pouvoir travailler en apprentissage en parallèle de ses études.
C’est donc avec son père qu’il commence à travailler, se spécialisant avec lui dans les études et les travaux de fondations spéciales dans le bâtiment : pieux, micropieux, injections, reprise en sous-œuvre, etc… Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’avec son père, Jean-Yves Stoquer, le futur expert a très tôt connu la réalité du terrain et pratique depuis longtemps la réparation de bâtiments sinistrés et le renforcement de fondation. Surtout, cette expérience lui a permis de gagner en expérience dans le contact avec les compagnies d’assurance, notamment la MAIF, la MACIF et la MATMUT, qui apprécient de pouvoir nouer des liens avec des personnes fiables et efficaces. Il faut dire que les compagnies d’assurance sont les principaux employeurs pour les réparations : lors de son apprentissage, ce sont elles qui ont fait travailler le duo des fondations spéciales pour entreprendre des travaux de renforcement des fondations de bâtiments sinistrés par la sécheresse en Île-de-France. En effet, en cas de sinistre, ce n’est pas souvent les particuliers qui font appel aux sociétés spécialisées dans les réparations, mais bien les assurances, car celles-ci ont la charge des frais de réparations et donc se charge de trouver les personnes les plus compétentes. Elles cherchent généralement le meilleur compromis entre expérience, qualité de travail et coût, ce qui explique l’expérience acquise alors par le spécialiste, qui a pu assister et participer aux réparations, notamment aux approfondissements et aux rigidifications des semelles de fondations de villas fissurées.
Un marché très porteur, selon les analyses
Le marché des fondations spéciales est considéré comme un marché porteur, ce que le succès de la société SEF ne dément pas, mais les raisons de cette hausse constante sont aussi multiples qu’intéressantes à examiner. En premier lieu, Michael Stoquer se concentre sur les changements apportées dans les normes de construction, ces dernières ayant considérablement augmenté en terme de taille. La qualité de construction requise est devenue de plus en plus exigeantes avec les années, à cause d’une quantité considérable de sinistres liés aux fondations, qui sont survenus dans une période de temps assez courte (mettant alors à mal les compagnies d’assurances). La réaction a donc été d’augmenter progressivement les exigences, avec notamment une demande de plus en plus importante des études préalables : il est désormais presque impossible d’entamer une construction sans avoir obtenu une étude de sol sur lequel on souhaite bâtir, sachant que ces études elles-mêmes sont devenues plus complexes et plus strictes qu’auparavant. Parmi ces normes, il y a notamment une hausse régulière des DTU, les documents techniques unifiés qui comportent les cahiers des clauses techniques, les cahiers des clauses spéciales et les règles de calcul ; celle des eurocodes, les normes européennes utilisées pour concevoir les bâtiments et les structures de génie civil, et notamment leurs dimensions et leur justification ; et enfin le nombre de bureaux de contrôle a augmenté de façon impressionnante, si l’on compare avec ce qu’il en était il y a 30 ans. Résultat : le marché a évolué, avec une hausse des travaux à effectuer avant la construction (ce qu’on appelle les fondations spéciales en travaux neufs) contre une baisse des travaux effectués après un sinistre (les travaux de réparations, devenus de plus en plus difficile à obtenir auprès des assurances).
Car l’autre facteur important souligné par le gérant de SEF, c’est le rôle joué par les compagnies d’assurance dans les évolutions du marché, au point qu’on puisse parler de l’implication du lobby des assureurs. La présence très importante des assurances dans ces questions a déjà été évoqué préalablement, mais la réalité est encore plus complexe. Les compagnies d’assurance ont dépensé des sommes énormes suite à divers sinistres importants qui ont touché une grande quantité de domiciles, ce qui les a poussés à exiger de plus en plus d’études pour dégager autant que possible leur responsabilité pour les garanties dommages ouvrages. En somme, elle ne s’investisse que si les études ont certifié des risques faibles pour leur compagnie, et se dédouane pour les réparations de sinistres où les études n’ont pas été menées à bien. Allergiques au risque, elles imposent aux acteurs de la construction de prendre de plus en plus de précautions, et ont adopté des attitudes de plus en plus défiantes envers les dossiers de sinistres. Leur faire accepter ou reconnaître la prise en charge des travaux lourds de réparation est devenue parfois une guerre permanente, surtout si les compagnies estiment qu’elles ont moins à perdre en risquant un procès qu’en démarrant les réparations. Les coûts peuvent en effet être très importantes, pouvant tourner autour des 100 000 euros pour un pavillon, mais lorsque ces coûts ne sont pas supportés par les entreprises, c’est sur les particuliers qu’ils retombent, ces derniers se retrouvant en très grande difficulté lorsqu’ils ne peuvent pas recevoir d’aide de leur compagnie. Tous les motifs sont invoqués pour ne pas payer : inspection de l’entretien de la maison ou des réseaux pour blâmer le propriétaire, accusation envers la végétation environnante, refus de reconnaître le sinistre sans arrêté de l’État… Avec un certain humour noir, l’expert estime que là où sa société s’est perfectionné dans la réparation de bâtiments, plusieurs experts d’assurance se sont spécialisés dans l’esquive des responsabilités.
Le rôle d’Internet sur ce marché
Le fait est qu’aujourd’hui, les outils modernes et en particulier Internet sont devenus nécessaires pour développer son activité, mais Michael Stoquer présente un point de vue nuancé à leur sujet. Pour être précis, il en perçoit à la fois les avantages et les risques. En terme d’avantage, il y a bien évidemment la possibilité de se faire connaître, toujours très importante. Internet a permis à de nombreuses entreprises locales ou spécialisées de sortir de l’ombre et d’acquérir une renommée nationale. C’est notamment le cas dans le cas des activités du gérant de SEF : les « fondations spéciales » sont un concept encore méconnu du grand public, qui ne songerait pas à aller se renseigner immédiatement à ce sujet. C’est pourquoi ce type de société est longtemps resté confidentielle, construisant leur réseau à travers les architectes, les experts et les assureurs. Mais désormais, quelques termes techniques comme « micropieu » ou « reprise en sous-œuvre », voir des questions triviales comme « que faire quand sa maison tremble » font rapidement ressortir les entreprises appropriées. Néanmoins, il met en garde contre les abus dans les avis de clients, ou la propagation d’informations douteuses voir diffamantes. Internet permet à tout le monde de s’exprimer, cela permet aux experts de se mettre direction en relation avec le public mais aux amateurs de se faire passer pour des experts, cela permet aux entreprises de petites tailles de regagner en visibilité mais aussi à des entreprises concurrentes et manquant d’éthique de faire une campagne malveillante et injuste… Ainsi, il faut toujours se méfier lorsque l’on voit un avis négatif sur un forum de la part de personnes ne venant que pour poster cela…